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Sven Streit, de quoi la médecine de famille a-t-elle besoin?
Médecin généraliste, c’est sa profession de rêve – et il veut partager sa passion avec d’autres. C’est pourquoi il transmet ses connaissances et son expérience aux étudiants en médecine et s’engage dans la politique professionnelle.
10.06.2025

«La passion avec laquelle Sven Streit s’engage pour la promotion de la médecine de famille, qui est une tâche pas simple, mais essentielle, est une source d’inspiration pour moi.»
Sven Streit, pourquoi avez-vous choisi de devenir médecin généraliste?
Pendant les études, je me suis intéressé à bien des sujets, mais lorsque j’ai vu chez un médecin de famille comment une consultation permettait d’aborder un large éventail de thèmes et de pratiquer une médecine personnalisée tout en faisant preuve d’empathie, je n’ai pas hésité une seconde.
Quelle est l’importance de tels modèles?
Je pense que nous ne devons pas sous-estimer de telles rencontres. La profession de médecin est une magnifique profession parce qu’elle est variée, que l’on peut s’engager dans des voies inédites et concrétiser ses idées selon ses besoins individuels. Mais pour que les jeunes puissent découvrir toutes les possibilités et aient le courage de suivre leur voie, il est extrêmement important d’être en contact direct avec eux. Pour la médecine de famille, le programme de l’«Assistanat au cabinet» est très important, car il leur permet de découvrir à quel point cette profession est variée et enrichissante.
En tant que professeur à l’Université de Berne et président de la Commission pour la promotion de la relève de la Société Suisse de Médecine Interne Générale, vous êtes souvent en contact avec de jeunes gens. Avez-vous toujours voulu faire plus que «seulement» pratiquer la médecine?
Le médecin de famille que j’ai mentionné a été un mentor pour moi. Il m’a encouragé à m’exprimer et aborder ouvertement les problèmes. Le parcours des médecins est jalonné de phases particulièrement exigeantes, par exemple la période avant les examens ou la période d’assistanat, et nombreux sont ceux qui souhaitent franchir ces étapes le plus vite possible. Il y a cependant toujours des personnes qui veulent changer quelque chose pour que la génération suivante ne doive pas vivre la même chose. Pour moi, c’est ça l’ADN de l’asmac. Je ne condamne personne qui ne s’engage pas sur le plan de la politique professionnelle. Mais se lamenter ne nous fait pas avancer. Il faut des personnes qui s’engagent pour obtenir des changements positifs.
La pénurie de personnel qualifié est un problème majeur de la médecine de premier recours. D’où viennent ces lacunes et comment pourrait-on les combler?
Il y a différentes raisons à cela. Je suis cependant optimiste pour ce qui concerne la relève. Nous constatons dans des enquêtes à la fin des études que l’intérêt pour la médecine de famille augmente, ce qui correspond d’ailleurs à mes expériences de médecin de famille. Cette lacune comporte deux piliers. Si un pilier est la relève, l’autre est constitué par les besoins de la population. Et celui-ci se déplace aussi, mais dans la mauvaise direction. Des optimisations sont possibles dans ce domaine.
Dans quelle mesure?
Outre les besoins effectifs de la population, résultant par exemple de l’augmentation des maladies chroniques, d’autres facteurs engendrent un surcroît de travail. À l’instar des médecins dans les hôpitaux, je dois consacrer beaucoup de temps à l’administration. En même temps, je ressens les répercussions d’une médecine fragmentée et des lacunes en matière de numérisation. Après le séjour à l’hôpital d’un patient, je ne reçois souvent pas toutes les informations. Je dois les rassembler moi-même, ce qui peut être très chronophage. J’essaie toutefois de contacter les personnes pour obtenir si possible toutes les informations nécessaires. Parfois, il faut investir du temps pour en gagner au final.
Biographie express
Sven Streit est médecin de famille et exerce dans son propre cabinet. Il est professeur de médecine de premier recours interprofessionnelle à l’Institut bernois de médecine de premier recours (BIHAM). La recherche centrée sur les patients, la promotion de la relève et le travail d’équipe sont ses sujets de prédilection, ce qui le motive, outre son engagement à la SSMIG, dans son travail au sein de la Commission fédérale pour la qualité (CFQ) et de la communauté d’intérêts eMediplan (www.emediplan.ch).
