• La medicina incontra l’arte

L’art-thérapie, des soins complémentaires au cœur de l’hôpital

Loin d’être une simple activité récréative, l’art-thérapie constitue une approche thérapeutique à part entière, intégrée dans le parcours de soins des jeunes patientes et patients hospitalisés.

Art-thérapie en unités de soins intensifs. Photo: Association à côté de toi
Art-thérapie en unités de soins intensifs. Photo: Association à côté de toi

L’art-thérapie en milieu hospitalier contribue à une prise en charge globale et humanisée des jeunes patientes et patients. Elle regroupe différentes disciplines à orientation psychothérapeutique qui travaillent avec des moyens créatifs et artistiques (thérapie plastique et picturale, thérapie par le mouvement et la danse, dramathérapie et thérapie par la parole, art-thérapie intermédiale et musicothérapie). Chaque contexte d’intervention, que ce soit avec des patientes et patients en oncologie, en psychiatrie ou en soins intensifs, exige une approche individualisée, adaptée aux besoins et ressources des patientes et patients et aux conditions médicales.

Depuis plus de 15 ans, la Fondation ART-THERAPIE œuvre pour offrir un accès à l’art-thérapie au plus grand nombre possible de nouveau-nés, d’enfants et d’adolescentes et adolescents hospitalisés en Suisse, afin d’améliorer leur qualité de vie bien au-delà de leur séjour à l’hôpital. En 2025, elle soutient 14 projets au sein de 12 hôpitaux partenaires, en étroite collaboration avec les équipes médicales. Zoom sur deux initiatives menées en Suisse romande: l’une au CHUV, en pédopsychiatrie, l’autre aux HUG, en soins intensifs pédiatriques.

L’art au service de la médecine

La relation entre l’art et la médecine s’inscrit dans une longue tradition; dans l’Antiquité déjà, on pensait que la musique était dotée d’un pouvoir curatif. La série «L’art au service de la médecine» est consacrée aux multiples aspects de cette relation.

CHUV – accompagner le développement et le lien thérapeutique en pédopsychiatrie

L’art-thérapeute intervient dans deux structures d’enseignement spécialisé, appartenant aux Hôpitaux de jour pour enfants du CHUV, organisées dans la filière de Centres thérapeutiques de jour du Service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (SUPEA). Dans les deux unités, l’art-thérapeute est intégré dans une équipe interdisciplinaire comprenant des pédopsychiatres, psychologues, logopédistes, ergothérapeutes, psychomotriciennes et psychomotriciens, enseignantes et enseignants spécialisés, éducatrices et éducateurs spécialisés, ainsi que des assistantes et assistants sociaux qui participent conjointement au processus de soin et accompagnent les familles.

Cette filière accueille des enfants dont les troubles psychiques ou neurodéveloppementaux entravent l’intégration en école ordinaire. Environ 50 à 60 enfants de 4 à 12 ans, en internat ou en ambulatoire, sont pris en charge pour une durée de deux à quatre ans.

Dans ce contexte, l’art-thérapie contribue à l’acquisition de compétences transversales: au-delà de l’expression émotionnelle et de l’estime de soi, elle stimule les capacités visuospatiales, la coordination, la mémoire et les fonctions exécutives, renforçant ainsi les apprentissages scolaires. Pour les enfants victimes de négligence familiale ou de maltraitance – en particulier ceux souffrant de troubles de l’attachement et en hébergement –, l’art-thérapie favorise un réinvestissement du lien avec l’environnement et les figures de soin, tout en facilitant la gestion des séparations.

Cet espace «non médical» permet d’observer autrement l’évolution de la patiente ou du patient, et d’aborder des thématiques parfois difficiles à verbaliser en entretien. L’approche se révèle particulièrement pertinente chez des enfants présentant des troubles du langage, des inhibitions ou des symptômes post-traumatiques.

HUG – un soutien émotionnel et sensoriel en soins intensifs

Aux HUG, depuis fin 2023, la fondation soutient en collaboration avec l’association genevoise, À côté de toi, et la Fondation privée des HUG, un projet d’art-thérapie en soins intensifs pédiatriques. Ces jeunes patientes et patients âgés entre 1 jour et 16 ans, souvent en situation critique, vivent une hospitalisation longue et invasive.

Les séances, intégrées dans l’emploi du temps médical, se déroulent au chevet, parfois en présence des proches et deviennent un espace de régulation émotionnelle, de lien et de symbolisation. L’art-thérapie permet une réduction de l’anxiété, une amélioration de l’humeur et parfois une meilleure coopération aux soins. À partir de 2025, un musicothérapeute viendra compléter l’équipe et proposera des séances de musicothérapie individualisées, notamment en néonatologie, afin de renforcer les effets régulateurs et apaisants de cette approche thérapeutique.

Le personnel soignant observe des effets cliniques indirects mais significatifs: relâchement musculaire, amélioration de l’alimentation, regain d’attention ou émergence de communication chez les enfants non verbaux. Ces observations rejoignent les résultats de recherches internationales sur les bénéfices cliniques et psychologiques de l’art-thérapie en milieu hospitalier.

Vers une médecine plus intégrative et humaine

L’OMS a souligné en 2019 l’impact positif des interventions artistiques sur la santé mentale, physique et sociale. L’art-thérapie, en tant que pratique clinique fondée sur des objectifs thérapeutiques définis, s’inscrit pleinement dans une démarche de soins intégratifs.

Grâce au soutien de la Fondation ART-THERAPIE et à la collaboration des équipes médicales, ces projets contribuent à une prise en charge centrée sur l’enfant dans sa globalité – physique, émotionnelle et relationnelle. Ils participent à la réhumanisation des soins et à l’amélioration de la qualité de vie à l’hôpital.

Un engagement qui repose sur la solidarité

La Fondation ART-THERAPIE est une fondation d’utilité publique sans but lucratif. Elle ne dispose pas de fonds propres, et dépend donc entièrement de la générosité de ses donatrices et donateurs pour concrétiser ses projets. Sans le travail et le soutien de la fondation, les projets d’art-thérapie dans les hôpitaux ne pourraient pas être poursuivis ou alors seulement de manière restreinte.