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Les dernières pensées d’un humaniste
Avec ses récits de cas neurologiques, Oliver Sacks a captivé un immense lectorat. Dans son ultime ouvrage – une bouleversante collection de quatre essais écrits alors qu’il faisait face à un cancer incurable –, il s’est, pour une fois, tourné vers sa propre vie.
14.10.2025
«Wow – voilà un médecin qui est à la fois un grand clinicien et un grand écrivain.» C’est ce que je me suis dit, au début de mes études de médecine, en lisant «L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau» d’Oliver Sacks. Par ses histoires de patientes et patients, il a émerveillé des millions de lectrices et lecteurs à travers le monde. Avec sa médecine narrative, il a nourri l’empathie et la compréhension envers des personnes souvent cataloguées comme «malades» ou «diminuées» en raison d’une lésion ou d’une altération cérébrale, mais qui, à y regarder de plus près, révélaient des capacités singulières. Il nous rappelait ainsi que notre perception de la réalité naît dans le cerveau, et que la notion de «normalité» est bien plus relative que nous aimons le croire.
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Réflexions face à la mort
Plus encore que «L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau» – son ouvrage le plus connu –, c’est le livre «Gratitude» qui m’a profondément marquée: une série de quatre essais écrits alors que Sacks, atteint d’un cancer incurable, savait sa fin proche.
«Me voilà nez à nez avec la mort, mais je n’en ai pas fini avec la vie.» Ainsi commence «Gratitude», publié peu après sa mort en 2015. Les quatre textes, presque méditatifs, dévoilent la sérénité et la clarté d’un esprit affrontant le vieillissement, la mort et l’immense sentiment de gratitude.
Le premier essai, «Mercure», rédigé quelques jours avant son 80e anniversaire, est une méditation sur le vieillissement, les occasions manquées et, en fin de compte, la chance d’avoir fait l’expérience de l’évanescence. Dans les trois essais suivants, Sacks réfléchit à ce qu’il espérait encore accomplir, à la consolation que la science lui a apportée toute sa vie, et exprime une gratitude profonde pour son existence.
Lorsque son état s’aggrave, il écrit «Sabbat», publié deux semaines avant sa mort. Il y évoque la religion dont il s’est détaché en raison de son homosexualité, son retour au sein de sa famille, et s’interroge sur ce que signifie mener une vie bonne et digne, qui permette de «se reposer le septième jour de la semaine».
Une invitation dans sa propre réalité
Avec «Gratitude», Oliver Sacks invite ses lectrices et lecteurs, pour une fois, dans son univers intime. Au lieu de relater des cas cliniques, il ouvre la porte à ses propres pensées, nous laissant partager l’intimité de ses derniers mois. Les textes, empreints de son style clair et reconnaissable, oscillent entre humour et profondeur. C’est un de ces livres qu’on aime prendre le soir, après une longue journée, pour apaiser le tumulte quotidien et revenir à l’essentiel: l’humanité.
«J’ai aimé et été aimé, j’ai beaucoup reçu et donné beaucoup en retour. Avant tout, j’ai été un être doué de sensations, un animal pensant sur cette magnifique planète, rien que cela a été un immense privilège et une grande aventure.»